États Généraux du numérique #1 : Anticiper ENSEMBLE pour faire face à l'imprévu !

Publié le 15 octobre 2020 par Laure - Modifié le 30 janvier 2024 à 16H56

Si gouverner c’est prévoir, alors force est de constater qu’en matière de préparation à la crise sanitaire, l’institution scolaire n’a pas été au rendez-vous. La fermeture des établissements s’est faite dans l’urgence la plus totale alors même qu’aucune réflexion préalable n’avait été conduite sur les outils de la continuité scolaire ni sur les conditions d’accès à ceux-ci pour les enseignants comme pour les élèves.


Nous aurions pu faire collectivement mieux...

En tant qu’opérateur majeur du numérique éducatif, nous avons donc dû, comme le reste des acteurs de la communauté éducative, faire face à cette urgence en mobilisant nos équipes à un niveau encore jamais atteint. Cette mobilisation sans faille a fait en sorte que nos plateformes ont tenu et rempli pleinement leur rôle.

Toutefois, il faut le dire et le redire : nous aurions pu faire collectivement mieux mais reconnaissons que cela aurait pu encore beaucoup plus mal se passer ! Pour reprendre la métaphore guerrière de notre président, nous sommes partis en quelque sorte « en guerre » sans prévenir notre industrie d’armement... Et sans la mobilisation exceptionnelle des collectivités pour équiper dans l’urgence ceux qui ne l’étaient pas, la fracture numérique aurait été plus dévastatrice encore.

Un minimum d’anticipation aurait sans doute permis d’éviter de laisser ainsi des millions d’utilisateurs dans l’expectative quand ce n’est pas dans l’angoisse et aurait permis aux opérateurs d’adapter leur offre aux nouvelles contraintes.

En tant qu’industriel rompu à des déploiements de très grande ampleur, nous sommes parfaitement à même d’augmenter de façon très rapide la capacité de nos datacenters et de les configurer pour faire face à une demande qui explose. Cela nécessite néanmoins un minimum de temps et une information qui soit faite en amont de la part des décideurs.

Cette information, nous ne l’avons pas eue et nous avons donc subi au lieu d’anticiper.

Nous souhaitons que cette expérience nous serve de leçon collective. Quelle que soit l’évolution de la situation sanitaire, il nous faut aujourd’hui prévoir des situations où l’École serait « empêchée », temporairement ou localement. Sauf cataclysme (et les récentes inondations dans le Sud Est viennent rappeler que nous n’en sommes pas à l’abri), le numérique, et singulièrement les ENT, constitue le seul outil pour assurer la continuité scolaire au cas où des établissements seraient contraints de fermer leur porte.

Cela suppose que l’institution scolaire se soit préparée à ce type de situation. Soyons concrets en avançant quelques propositions.


Un "plan blanc" pour l'éducation

Il nous semble indispensable que les autorités commencent par établir une cartographie des opérateurs clefs, publics comme privés, sur lesquels elle s’appuiera en cas de crise. Par opérateurs clés nous entendons ceux dont les solutions sont aujourd’hui massivement déployées sur les territoires. Ces opérateurs devront bénéficier d’un égal niveau d’information afin qu’ils coordonnent intelligemment leurs efforts. Il faut ensuite former concrètement élèves et enseignants à l’usage des plateformes déployées par ces opérateurs. Il ne s’agit plus ici de former à une utilisation « cosmétique » mais bien d’aller vers des formations systématiques permettant de se préparer à une nouvelle forme scolaire. Notons d’ailleurs que cette nouvelle forme scolaire risque de voir le jour en dehors même de toute crise avec l’émergence de dispositifs hybrides.

Nous plaidons ensuite pour l’existence d’un véritable plan de crise à l’image de ce qu’est le "plan blanc" des hôpitaux. Il s’agit de permettre la mobilisation de tous les opérateurs majeurs publics et privés dans un objectif d’efficacité maximum (à titre d’exemple, une réflexion préalable aurait permis d’articuler intelligemment notre offre avec celle du CNED pour ne citer que ce dernier et proposer ainsi aux usagers une offre plus efficiente). Sous l’égide du Ministère, au plan national, et des rectorats, au plan local, ce plan de crise pourrait être activé et géré par des cellules de pilotage regroupant les représentants de la communauté éducative, les collectivités et les opérateurs clefs ayant la responsabilité des plateformes déployées sur le territoire.

Si ces deux propositions voyaient le jour, il s’agirait pour nous d’une avancée significative. Nous les soumettons, d’ores et déjà, à votre réflexion.