IA & éducation : Rémi Saurel et l’IRITT réinventent le suivi des révisions avec Maestro

Publié le 31 octobre 2025 par Doriane - Modifié le 27 novembre 2025 à 09H12

C’est la question qui hante les couloirs des établissements scolaires et les laboratoires de recherche : l’Intelligence Artificielle (IA) est-elle l’ennemie qui menace l’essence même de l’éducation, ou l’alliée stratégique capable de propulser l’apprentissage dans une nouvelle ère ?

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Une compréhension hâtive des débats pourrait faire pencher la balance vers la méfiance, notamment face aux risques d'automatisation des tâches cognitives. Pourtant, chez Kosmos, nous avons une conviction profonde, étayée par l'expertise scientifique : l’IA est, fondamentalement, une force au service de l’éducation, à condition qu’elle soit conçue de manière éthique, explicable et centrée sur l'humain.
 

I. Le paradoxe de l’IA : entre mythe de la substitution et réalité de l’augmentation

La peur est palpable. Le chiffre, souvent cité, des 90 % de lycéens de Seconde dans certaines régions qui auraient déjà eu recours à l'IA générative pour leurs devoirs (selon des enquêtes de 2025), illustre une asymétrie alarmante : les élèves l'adoptent massivement, tandis que moins de 20 % des enseignants intègrent régulièrement dans leurs pratiques professionnelles. Cette disparité nourrit l'inquiétude d'une "dégénérescence" des apprentissages, où l'outil se substituerait à l'effort intellectuel.

Pourtant, cette même technologie offre une opportunité sans précédent : la personnalisation à l'échelle. L'UNESCO, dans ses analyses sur l'impact de l'IA, insiste sur son rôle pour "permettre une personnalisation de l'apprentissage, en fournissant des ressources éducatives adaptées aux besoins individuels." L'IA ne cherche pas à remplacer le pédagogue ; elle cherche à démultiplier sa capacité à offrir un enseignement individualisé, défi majeur pour un enseignant face à une classe de 30 élèves.

 « L'école n'est plus le temple du savoir, mais celui des compétences. »  Antoine Delaitre, expert en innovation pédagogique.

Cette nouvelle réalité postule que l'IA peut gérer l'accès à l'information (le "savoir"), libérant l'enseignant pour se concentrer sur le développement de l'esprit critique, la créativité et la résolution de problèmes complexes (les "compétences").
 

II. Quand recherche et innovation réinventent les outils d’apprentissage : le cas MAESTRO

L'intégration réussie de l'IA dans l'éducation ne peut se faire sans un ancrage solide dans la recherche fondamentale. C'est le cœur de la démarche de Kosmos, notamment à travers notre partenariat stratégique avec l’IRIT (Institut de Recherche en Informatique de Toulouse), l’un des pôles d’excellence français en IA.

Notre collaboration avec Rémi Saurel, doctorant à l’IRIT, en est l'illustration parfaite. Son projet, MAESTRO, s’attaque à un enjeu majeur du numérique éducatif : l’illisibilité et le manque d’opérabilité des tableaux de bord d’apprentissage (Learning Analytics Dashboards - LADs).

Ces outils de Learning Analytics sont bourrés de données sur l’activité des élèves (temps passé, taux de réussite, erreurs fréquentes…), mais leur complexité les rend souvent inutilisables pour les enseignants :

  • Le problème : Des graphiques et des indicateurs trop bruts. Un enseignant ne veut pas seulement savoir que "15 % des élèves sont en difficulté sur le Module 3" ; il veut comprendre pourquoi et savoir comment agir.

  • La solution MAESTRO : Utiliser l’Intelligence Artificielle Générative (IAG) pour transformer ces données brutes en diagnostics explicatifs et personnalisés.

Grâce à un système multi-agents, MAESTRO va au-delà du simple affichage. Il interprète les données, génère des synthèses en langage naturel pour l'enseignant (par exemple : « Votre élève, Sarah, bloque systématiquement sur les problèmes nécessitant un raisonnement hypothético-déductif, car elle a passé moins de temps sur le module de prérequis que 80 % de ses pairs. Nous vous suggérons un exercice ciblé sur la simulation. »).

Le taux de prise en main des outils d'aide à la décision augmente de 30 à 50 % lorsque l'information est présentée sous forme de narration explicative par rapport à un tableau de bord brut (estimation issue d'études de cas en Data Visualisation). MAESTRO vise à maximiser ce gain d'opérabilité.

Ce projet incarne la convergence entre l’expertise technologique de Kosmos et l’excellence scientifique de l’IRIT, permettant de passer d'une logique d'outil d'analyse à une logique de véritable assistant pédagogique.
 

III. IA : un impératif éthique et pédagogique

Reconnaître l’IA comme une alliée implique d'en encadrer l'usage. La méfiance persistante des enseignants est légitime et s'articule autour de deux axes majeurs :

  1. Le risque d'hallucination et d'erreur : Les IA génératives peuvent produire des erreurs factuelles ou des biais. Des chercheurs et des entreprises développent des solutions d’IA frugale et "documenée" (Evidence-Based) pour réduire ces risques, notamment en limitant la génération à des corpus de données validées et contrôlées (par exemple, des ressources pédagogiques labellisées).

  2. L'enjeu social et humain : L'apprentissage n'est pas uniquement un processus cognitif individuel ; c'est aussi une interaction sociale. Le danger réside dans la diminution du contact humain et du rôle de l'enseignant. Comme l'a souligné un spécialiste de l'UNESCO, l'IA ne peut pas remplacer « l'intensité » d'un enseignant qui marque la trajectoire de vie d'un élève.

La réponse n’est pas le rejet, mais l'éducation à l'IA.

  • De l'élève à l'utilisateur éclairé : Des initiatives gouvernementales mettent en place des formations obligatoires pour les élèves sur les bases du prompting et le fonctionnement de l'IA (en France, dès la 4e et la Seconde), reconnaissant que maîtriser l'IA est une compétence essentielle du 21e siècle.

  • De l'enseignant à l'architecte de l'apprentissage : L'IA doit être un outil au service du diagnostic et de la différenciation. Elle permet, par exemple, de mieux identifier les fragilités d'un élève pour que l'enseignant puisse concentrer son énergie humaine là où elle est irremplaçable : le soutien émotionnel, la motivation, la stimulation de l'esprit critique.

L’IA n'est donc pas l'ennemie de l'apprentissage ; elle est le miroir des besoins éducatifs non satisfaits et le catalyseur d'une pédagogie renouvelée. Chez Kosmos, à travers des projets concrets comme MAESTRO, nous prouvons que l'alliance entre l'expertise scientifique et les outils technologiques est la voie la plus prometteuse pour une éducation plus équitable, plus pertinente et profondément humaine.

Félicitations à Rémi Saurel pour cette contribution qui, en liant science, technologie et pédagogie, illustre parfaitement la vision de Kosmos : transformer l’Intelligence Artificielle d'une source d’inquiétude en un puissant levier d’émancipation éducative.


Sources : 

https://www.skolengo.com/fr/blog/barometre-ia-et-enseignement-superieur

https://www.unesco.org/fr/digital-learning/artificial-intelligence

https://www.irit.fr/

https://hal.science/hal-04028042/document

https://www.education.gouv.fr/l-intelligence-artificielle-au-service-de-l-ecole-et-des-apprentissages-377465